Le prince Bellérophon, en exil, vivait heureux à la cour du roi Protée. Mais un jour, la femme du roi lui confia que le jeune et beau prince l’avait insultée. Ignorant qu’il s’agissait là d’un mensonge, le roi se mit très en colère. Il aurait voulu tuer Bellérophon, mais savait qu’il ne pourrait pas nuire à un hôte sans offenser les dieux. Et cela risquait d’avoir des conséquences terribles.
Pour se débarrasser de Bellérophon, le roi lui demanda : « Pourrais-tu aller porter cette lettre au roi de Lycie? » Bellérophon accepta bien volontiers de lui rendre ce service. Ce qu’il ne savait pas, c’est que dans cette lettre, Protée demandait au roi de Lycie de tuer son messager.
Lorsque Bellérophon arriva à destination au terme d’un périlleux voyage, le roi de Lycie l’accueillit à bras ouverts.
Il mit de côté la lettre de Protée et oublia de l’ouvrir pendant neuf jours. Lorsqu’il lut enfin la lettre, lui-même s’était pris d’amitié pour le sympathique prince, et il ne souhaitait pas non plus tuer l’un de ses invités.
C’est alors qu’il songea à la Chimère. Ce monstre avait une tête de lion, un corps de chèvre et une queue de serpent.
Chimère sur un plat, v. 350-340 av. J.-C., musée du Louvre.
« J’ai besoin d’un homme courageux comme toi, dit-il à Bellérophon. Pourrais-tu débarrasser mon royaume de cette terrible créature ? Elle tue mes sujets et rend leurs terres inutilisables. Beaucoup d’hommes ont essayé de la vaincre et sont morts courageusement. Je suis sûr que toi, tu réussiras à la tuer. » Mais en réalité, le roi était persuadé que la Chimère tuerait Bellérophon.
Le jeune prince accepta de relever ce défi. Juste avant son départ, un vieux sage lui donna ce conseil : « Tu ne tueras ce monstre que si tu arrives à monter Pégase, le cheval aux
grandes ailes blanches. Mais personne n’y est encore jamais parvenu. »
Bellérophon ne savait pas s’il fallait croire ou non le vieil homme. Mais quoi qu’il en soit, il partit à la recherche de la Chimère. En chemin, la déesse Athéna lui apparut soudain. «Prends ceci », lui dit-elle en lui tendant une bride en or. Elle disparut avant qu’il n’ait le temps de la remercier.
Un soir, Bellérophon aperçut Pégase qui se désaltérait dans un ruisseau. Il s’approcha à pas de loup et passa la bride au cou de l’animal. Celui-ci se débattit, rua, se cabra, poussa
des hennissements de colère. Mais Bellérophon tint bon. Lorsque le cheval se fut enfin calmé, Bellérophon prit place sur le dos.
Bélléphoron montant Pégase et combattant la Chimère, v. 440 av. J.-C. au Musée du Louvre.
Pégase battit des ailes et s’envola. Ils survolèrent plaines et montagnes jusqu’à ce que Bellérophon repère la Chimère.
Il tira alors sur la bride et Pégase fondit vers le monstre. La Chimère se mit à cracher du feu, et sa queue de serpent, du venin. Mais Bellérophon, en sécurité sur le dos de Pégase, esquiva ses attaques. Il tira une flèche dans les flancs du monstre, puis une autre dans sa gueule. La Chimère était morte.
Bellérophon fut accueilli en héros à la cour du roi de Lycie. Ce dernier, enchanté d’être débarrassé de la Chimère, dit au jeune prince : « Tu peux épouser ma fille, et je te donnerai de bonnes terres où prospérer. »
Durant les années qui suivirent, Bellérophon devint célèbre pour ses actes de courage. Où qu’il aille, ce n’étaient que louanges. Mais il devint vaniteux, et lorsqu’on le comparait à un dieu, il finissait par le croire.
Bellérophon se disait que, s’il était l’égal des dieux, il devrait leur rendre visite. Il enfourcha donc de nouveau sa monture ailée pour se rendre sur l’Olympe. Zeus, maître
des dieux, en conçut une grande fureur. Il envoya un insecte piquer Pégase sous la queue. Le cheval fit une ruade et envoya Bellérophon voler dans les airs.
Zeus le regarda tomber, jusqu’à ce qu’il s’écrase. Bellérophon fut seulement blessé. Seul et malheureux, il entama une longue errance. Personne ne voulait plus s’approcher de l’homme qui avait suscité la colère du puissant Zeus.
texte tiré de:
On avait repéré un Pégase dans un tableau de Chagall sur le cirque (https://warlencourt-eaucourt.etab.ac-lille.fr/wp-admin/post.php?post=8519&action=edit
la Commedia dell’Arte est un des plus grands tableaux(2.55 × 4 m) peint par Marc Chagall en 1958
l’envol de Pégase Chagall
On l’avait aussi repéré sur le rideau de Picasso pour le ballet Parade:
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écoute de Pégase de Thomas Fersen:
https://www.youtube.com/watch?v=PlEsaHs0RfQ
Je voletais dans les ténèbres
A l’allure d’un convoi funèbre,
Je goûtais l’air de la nuit,
Je ramais sans faire de bruit
Dans l’épaisseur du silence,
Lorsque je fus ébloui
Par une chaude incandescence
Qui émanait d’un beau fruit.
Ma mère m’avait prévenu:
« Méfie-toi des ampoules nues,
Ne t’approche pas de ces globes
Qui mettront l’feu à ta robe.
Les papillons insomniaques
Y trouvent un aphrodisiaque,
La mort est au rendez-vous,
Au mieux tu deviendras fou. »
« Ne va pas te consumer
Pour une de ces allumées. »
Ma mère m’avait dit: « Pégase,
L’amour, ça n’est que du gaz.
Tu es un être nocturne,
Adorateur de la lune
Et des éclairages pâles
Que prodiguent les étoiles. »
Mais en voyant cette blanche
Et le dessin de ses hanches
Dans une auréole blonde,
J’ai fait mes adieux au monde,
A la lune vagabonde,
Belle comme une femme amoureuse,
A ma raison qui me gronde:
« C’est ta tombe que tu creuses ».
Je voletais dans les ténèbres
A l’allure d’un convoi funèbre,
Je goûtais l’air de la nuit,
Je ramais sans faire de bruit
Dans l’épaisseur du silence,
J’ai vu ma vie défiler
Jusqu’au jour de ma naissance
Lorsque l’ampoule a grillé