Dans le village d’Hauterives dans la Drôme (région Auvergne-Rhône- Alpes):

se cache une oeuvre unique au monde:

un palais construit par un facteur(!) à la fin du XIXe siècle (il aurait pu croiser Gaudi).

Gaudi était architecte, Ferdinand Cheval ne l’était pas; il s’est improvisé architecte, en parfait autodidacte.

Dans son palais, il y a des géants, des fées, des palmiers, des animaux, un château fort…C’est biscornu, fantasmagorique, fantaisiste, irrégulier, étrange, familier, original…

Il trouvait l’inspiration dans la nature mais aussi dans les magazines illustrés et les cartes postales qu’il distribuait chaque jour. C’est ainsi qu’il a représenté des monuments ou des animaux qu’il n’a jamais vu « en vrai » !

Il aimait écrire parfois des indications, des précisions, des vers de poèmes, des citations…

Ce palais c’est une histoire de courage, de volonté, d’imagination débordante, d’un songe devenu réalité d’un homme qui a cru en ses rêves.

C’est aussi un message de paix à destination des peuples du monde. Il a gravé sur l’une des façades :

On est au milieu du XIXe siècle. Ferdinand Cheval fait quotidiennement une tournée de 32 km pour distribuer son courrier dans la campagne autour de son village, à pieds! (il n’y avait pas encore d’automobile ni de vélo). Ça fait quoi ? Quelque chose comme 6 ou 7 heures de marche! Il avait le temps de laisser divaguer son imagination! Au beau milieu de la campagne, il a appris à observer la nature , à l’admirer.

Et un beau jour de 1879, alors âgé de 43 ans, le destin / la chance / le hasard s’en est mêlé. Au cours de l’une de ses tournées, le facteur butte sur une pierre et tombe. Il se relève et l’observe.

Cette pierre a une forme si bizarre que le facteur décide de la garder avec lui. Elle vient de faire éclore son rêve.

Les jours suivants, il se rend compte qu’elle n’est pas seule, il en trouve de plus belles encore.

Il a alors commencé à bâtir l’édifice dans son potager, en ramassant des pierres dans sa brouette lors de sa tournée, suscitant les moqueries du voisinage qui le prenait pour un fou.

Cela ne l’a pas arrêté, puisqu’il a consacré environ 10 000 journées et 93 000 heures à la construction, sur son temps libre en 33 ans de 1879 et 1912.

Le palais mesure aujourd’hui 12 mètres de haut sur 26 mètres de long, et présente une terrasse et plusieurs galeries intérieures. Il s’agit d’un vrai exploit architectural pour un débutant total en matière de maçonnerie : on sait d’ailleurs qu’il a dû recommencer certaines parties à plusieurs reprises, après des effondrements.

Il voulait pouvoir y être enterré, mais comme la mairie a refusé, il a ensuite fabriqué sa tombe dans le cimetière du village. Il lui a fallu huit ans pour cette construction.

Une source d’inspiration

Il a fallu attendre 1897, 18 ans après le début des travaux, pour que le monument commence à attirer des visiteurs. Très vite l’affluence a été telle qu’il a dû engager une bonne pour accueillir les touristes !

C’était le début du succès de ce que le créateur appelait alors le « temple de la nature ». En 1904, il a reçu la visite d’un poète qui a adoré l’édifice et composé un poème intitulé Ton Palais, Ton idéal en son honneur : le « Palais idéal » était né.

A partir de là, de nombreux reportages ont paru dans la presse, allant jusque dans les journaux américains. D’autres artistes et poètes n’ont pas manqué de s’intéresser à ce lieu original.

Les surréalistes s’y sont rendus dans les années 1920, attirés par ce palais issu d’un rêve et construit sans véritable logique, n’étant pas habitable. 

Peu après, en 1937, Pablo Picasso lui aussi est venu à Hauterives et a réalisé douze dessins sur le sujet.

Depuis le début du XXe siècle, de nombreux artistes -dont Picasso -admirent le Palais Idéal.

« Je te parlais de Gaudi et du Facteur Cheval que je venais de découvrir et dont j’avais fait mes héros : ils représentaient la beauté de l’homme, seul dans sa folie. Je te provoquai en te disant que le Facteur Cheval était un bien plus grand sculpteur que toi. «Je n’ai jamais entendu parler de cet idiot, dis-tu. Allons le voir tout de suite.» Tu insistais. C’est ce que nous fîmes et la découverte de ce créateur marginal t’apporta une immense satisfaction. Tu fus séduit par la poésie et l’entêtement de ce petit postier qui avait réalisé son rêve immense et fou.« 

Lettre de Niki de Saint Phalle à Jean Tinguely

Pourtant, il a fallu mener un vrai combat contre la critique et la moquerie.

Et il faudra attendre 1969 pour que vienne la reconnaissance officielle. André Malraux-écrivain, alors ministre de la Culture, l’inscrivit sur la liste des monuments historiques, expliquant que «c’est le seul exemple en architecture de l’art naïf. […] c’est nous, Français, qui avons la chance de posséder, la seule architecture naïve du monde».

(l’art naïf c’est un art qui fait penser à des dessins d’enfants. Il ne respecte pas les perspectives, ni les dimensions, ni l’intensité de la couleur et la précision du dessin.)

art visuel: Inspire-toi de cette oeuvre, celle de Gaudi ( https://warlencourt-eaucourt.etab.ac-lille.fr/2020/11/09/voyage-en-espagne-gaudi-la-casa-batllo-projet-don-quichotte/) et ton texte( https://warlencourt-eaucourt.etab.ac-lille.fr/2020/11/05/dans-ma-tete-a-moi-projet-don-quichotte/ ) pour dessiner ton palais idéal.

bande annonce du film sorti en 2018:

https://www.youtube.com/watch?v=xAskzATgODc&ab_channel=AuCin%C3%A9

visite privée: https://www.youtube.com/watch?v=SQra-ELRKxc&ab_channel=Visitespriv%C3%A9es

Thomas Fersen a fait un concert devant ce palais en 2012 : des extraits…

https://www.youtube.com/watch?v=WcLa3uy0mAQ&ab_channel=FacteurCheval