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Junon avait une bonne raison d’offrir Vénus à Vulcain: elle voulait que son fils lui pardonne sa méchanceté. En effet, quand Vulcain était né, Junon l’avait trouvé tellement laid qu’elle l’avait précipité du haut de l’Olympe sur la Terre. La chute avait été terrible: le pauvre dieu en était resté boiteux et difforme.

Hélas, Vénus n’aimait pas son mari, le dieu du feu. Elle le trouvait affreux, et détestait leur maison, une sombre forge installée dans une caverne.

Un jour, Vénus rencontra Mars. C’était le dieu de la guerre, et son corps recouvert d’une armure brillait de mille feux. Elle tomba amoureuse. Vulcain, qui travaillait jour et nuit à la forge, ne se doutait de rien. Un matin, Apollon, le dieu du soleil qui voit tout, aperçut les amoureux qui s’embrassaient. Il descendit à la forge et prévint son ami: « Vénus te trompe! »

Vulcain ne dit rien à Vénus, mais décida de se venger. Il forgea un filet aux mailles invisibles et l’installa au-dessus du lit des amoureux. Puis il annonça qu’il partait en voyage. Mars accourut aussitôt auprès de Vénus et les amants furent pris au piège. Ils voulurent s’échapper, mais plus ils se débattaient, plus les mailles se resserraient. Heureusement, Minerve, la déesse de l’intelligence, eut pitié d’eux et les délivra.

La forge de Vulcain, Diego Rodriguez Vélasquez; peintre espagnol(1599-1660=temps modernes); musée du Prado, Madrid.

Quelqu’un d’important vient d’entrer dans la forge. C’est un jeune homme à la peau blanche et au corps un peu gras. Il est à moitié enroulé dans un magnifique manteau orange, et sa tête brille comme si des rayons de soleil s’en échappaient. Il s’appelle Apollon; c’est le dieu du Soleil.

Les ouvriers, surpris, se tournent vers lui. Ils forment un cercle. Avec leur corps musclé, leur peau sale, leur barbe mal rasée, ils sont bien différents de leur beau visiteur.

Apollon s’adresse au maître de la forge, Vulcain. Il a un message important à lui transmettre. Il lève son index pour donner plus de force à ses mots. Il est venu annoncer à Vulcain que sa femme, Vénus, le trompe avec Mars, le dieu de la guerre.

Les petits secrets du peintre:

Sur la cheminée, le peintre a posé une cruche, sans doute pleine d’eau. Elle n’est pas assez grande pour apaiser la soif des six forgerons, mais elle nous rappelle qu’il fait chaud dans une forge.

Apollon est drapé dans une toge, comme en portaient les Romains de l’Antiquité. Mais la belle armure brillante posée à terre n’est ni romaine ni grecque. C’est une cuirasse de soldat du XVIIè siècle! Le peintre n’hésite pas à mélanger les époques.