chapitre III don Quichotte Cervantès abrégé

Chapitre III: Où on raconte de quelle comique manière don Quichotte se fit armer chevalier

Il appela l’aubergiste, se mit à ses genoux et dit:
-Jamais ne me relèverai d’ici, devant que votre courtoiserie m’accorde une faveur dont je veux vous prier, laquelle résonnera au profit du genre humain.
L’aubergiste le regardait, interdit, sans savoir que faire ni que dire. Il insistait pour qu’il se relève mais il s’y refusa toujours, jusqu’à ce que l’autre se vit forcé de dire qu’il lui accordait le don qu’il demandait.

don Quichotte supplie l’aubergiste– Gustave Doré

-Je n’en attendais pas moins de votre grande magnificence, cher seigneur, et ainsi vous dis-je que cette faveur par moi demandée et par votre libéralité à moi octroyée, est que demain sans faute vous devrez m’armer chevalier pour pouvoir comme il se doit aller par les quatre parties du monde cherchant les aventures en faveur de ceux qui ont nécessité.
L’aubergiste, pour avoir de quoi rire cette nuit, choisit de flatter sa lubie; il lui dit donc que ce qu’il demandait était très raisonnable, et qu’une telle résolution était propre et naturelle à des chevaliers aussi importants que lui, comme on le voyait et comme sa gaillarde personne le démontrait.
On ferait les cérémonies requises pour qu’il soit armé chevalier, et si chevalier, qu’on ne pourrait pas l’être plus en ce monde.
Il lui demanda s’il avait de l’argent; don Quichotte répondit qu’il n’avait pas un sou car il n’avait jamais lu dans les histoires de chevaliers errants qu’aucun en eût apporté. A quoi l’aubergiste répondit qu’il se trompait car en admettant que ce n’était pas écrit dans les histoires parce que leurs auteurs avaient considéré qu’il n’était pas besoin de mettre par écrit une chose aussi évidente et aussi nécessaire à emporter que de l’argent et des chemises propres, il ne fallait pas pour autant croire qu’ils n’en emportaient pas, et il devait donc tenir pour sûr et avéré que tous les chevaliers errants dont tant de livres
sont pleins et combles, avaient bon métal en bourse pour ce qui pouvait leur arriver, et qu’ils emportaient également des chemises et un petit coffret rempli d’onguents pour soigner les blessures qu’ils recevaient, parce qu’il n’y avait pas toujours, par ces champs et désert où ils se combattaient, quelqu’un pour les soigner, sauf s’il avait pour ami quelque sage enchanteur qui les secourait à l’instant en envoyant par l’air demoiselle ou quelque nain sur un nuage avec quelque cornue d’une eau de telle vertu qu’il suffisait d’en boire une goutte pour qu’aussitôt ils se retrouvent guéris de leurs plaies et blessures, comme s’ils n’avaient jamais eu aucun mal.
On prépara donc la veillée d’armes dans une grande cour qui se trouvait sur un côté de l’auberge. Don Quichotte rassembla ses armes et les posa sur une auge près d’un puits, il embrassa son écu, il empoigna sa lance, et d’une noble allure il se mit à marcher devant l’auge. Il se mit à marcher alors que la nuit se mettait à tomber.

Il se promenait d’un pas lent et mesuré. (veillée d’armes) G.Doré

[le lendemain] Le châtelain apporta un livre où il notait la paille et l’orge qu’il donnait aux muletiers, et accompagné d’un jeune garçon qui portait un bout de chandelle et de deux demoiselles, il vint tout près de Don Quichotte, lui ordonna de se mettre à genoux.

don Quichotte se fait armer chevalier– G. Doré

Il leva la main et lui en donna un bon coup sur le cou; et par-derrière, avec sa propre épée, il le frappa gaillardement sur l’épaule.Cette cérémonie expédiée au galop et à la va-vite, don Quichotte ne put attendre une minute de plus de se voir à cheval et d’aller chercher les aventures. Il sella sur-le-champ Rossinante, monta dessus et en embrassant son hôte, en le remerciant de lui avoir fait grâce de l’armer chevalier, lui dit des choses si étranges qu’il est impossible de parvenir à les rapporter.


petit résumé chapitre III:
Il appela l’aubergiste et dit:[…]-Vous devez m’armer chevalier.
L’aubergiste, pour avoir de quoi rire cette nuit, choisit de flatter sa lubie; Il lui dit donc que ce qu’il demandait était très raisonnable,[…] comme sa gaillarde personne le démontrait. On ferait les cérémonies requises pour qu’il soit armé chevalier. […]Le châtelain apporta aussitôt un livre où il notait la paille et l’orge qu’il donnait aux muletiers,[…] il vint tout près de Don Quichotte, lui ordonna de se mettre à genoux. Il leva la main et lui en donna un bon coup sur le cou; et par-derrière, avec sa propre épée, il le frappa gaillardement sur l’épaule. Cette cérémonie expédiée au galop et à la va-vite, don Quichotte ne put attendre une minute de plus de se voir à cheval et d’aller chercher les aventures. Il sella sur-le-champ Rossinante, monta dessus.

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